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CONTES ARABES.

elle appela des dames, qui me couchèrent par terre par son ordre ; et après qu’elles m’eurent lié, elle prit un rasoir, et eut la barbarie de me couper elle-même les quatre pouces. Une des dames appliqua d’une certaine racine pour arrêter le sang ; mais cela n’empêcha pas que je ne m’évanouisse par la quantité que j’en avois perdu, et par le mal que j’avois souffert.

» Je revins de mon évanouissement, et l’on me donna du vin à boire pour me faire reprendre des forces. « Ah, madame, dis-je alors à mon épouse, si jamais il m’arrive de manger d’un ragoût à l’ail, je vous jure qu’au lieu d’une fois, je me laverai les mains six-vingts fois avec du kali, de la cendre de la même plante, et du savon ! » « Hé bien, dit ma femme, à cette condition, je veux bien oublier le passé, et vivre avec vous comme avec mon mari. »

» Voilà, Seigneur, ajouta le marchand de Bagdad en s’adressant à la compagnie, la raison pourquoi vous