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LES MILLE ET UNE NUITS,

chez lui ce que vous ne trouveriez pas ailleurs. » Je me laissai conduire, et nous entrâmes dans la boutique d’un jeune marchand assez bien fait. Je m’assis, et lui fis dire par la vieille dame, de me montrer les plus belles étoffes de soie qu’il eût. La vieille vouloit que je lui fisse la demande moi-même ; mais je lui dis qu’une des conditions de mon mariage étoit de ne parler à aucun homme qu’à mon mari, et que je ne devois pas y contrevenir.

» Le marchand me montra plusieurs étoffes, dont l’une m’ayant agréé plus que les autres, je lui fis demander combien il l’estimoit. Il répondit à la vieille ; « Je ne la lui vendrai ni pour or ni pour argent ; mais je lui en ferai un présent, si elle veut bien me permettre de la baiser à la joue. J’ordonnai à la vieille de lui dire qu’il étoit bien hardi de me faire cette proposition. Mais au lieu de m’obéir, elle me représenta que ce que le marchand demandoit, n’étoit pas une chose fort importante, qu’il ne s’agissoit point de parler,