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CONTES ARABES.

ne puis exprimer : je me crus au dernier moment de ma vie.

» La favorite qui avoit la clef, protesta qu’elle ne la donneroit pas, et ne souffriroit jamais qu’on ouvrît ce coffre-là. « Vous savez bien, dit-elle, que je ne fais rien venir qui ne soit pour le service de Zobéide, votre maîtresse et la mienne. Ce coffre particulièrement est rempli de marchandises précieuses, que des marchands nouvellement arrivés m’ont confiées. Il y a de plus un nombre de bouteilles d’eau de la fontaine de Zemzem[1], envoyées de la Mecque : si quelqu’une venoit à se casser, les marchandises en seroient gâtées, et vous en répondriez ; la femme du Commandeur des croyans sauroit bien se venger de votre insolence. » Enfin elle parla avec tant de fermeté,

  1. Cette fontaine est à la Mecque ; et, selon les Mahométans, c’est la source que Dieu fit paroître en faveur d’Agar, après qu’Abraham eut été obligé de la chasser. On boit de son eau par dévotion, et l’on en envoie, en présent, aux princes et aux princesses.