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CONTES ARABES.

manda si j’étois marié. Je lui répondis que non, et que je ne l’avois jamais été. Alors, en donnant l’or à l’eunuque, elle lui dit : « Prêtez-nous votre entremise pour terminer notre affaire. » L’eunuque se mit à rire ; et m’ayant tiré à l’écart, me fit peser l’or. Pendant que je le pesois, l’eunuque me dit à l’oreille : « À vous voir, je connois parfaitement que vous aimez ma maîtresse, et je suis surpris que vous n’ayez pas la hardiesse de lui découvrir votre amour ; elle vous aime encore plus que vous ne l’aimez. Ne croyez pas qu’elle ait besoin de vos étoffes ; elle ne vient ici uniquement que parce que vous lui avez inspiré une passion violente : c’est à cause de cela qu’elle vous a demandé si vous étiez marié. Vous n’avez qu’à parler, il ne tiendra qu’à vous de l’épouser, si vous voulez. » « Il est vrai, lui répondis-je, que j’ai senti naître de l’amour pour elle, dès le premier moment que je l’ai vue ; mais je n’osois aspirer au bonheur de lui plaire. Je suis tout à elle, et je