Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/488

Cette page a été validée par deux contributeurs.
478
LES MILLE ET UNE NUITS,

assez considérable, me disois-je en moi-même ; mais elle me laisse redevable d’une autre qui l’est encore davantage. Seroit-ce une trompeuse, et seroit-il possible qu’elle m’eût leurré d’abord pour me mieux ruiner ? Les marchands ne la connoissent pas ; et c’est à moi qu’ils s’adresseront. » Mon amour ne fut pas assez puissant pour m’empêcher de faire là-dessus des réflexions chagrinantes. Mes alarmes augmentèrent même de jour en jour pendant un mois entier, qui s’écoula sans que je reçusse aucune nouvelle de la dame. Enfin, les marchands s’impatientèrent ; et pour les satisfaire, j’étois prêt à vendre tout ce que j’avois, lorsque je la vis revenir un matin dans le même équipage que les autres fois.

« Prenez votre trébuchet, me dit-elle, pour peser l’or que je vous apporte. » Ces paroles achevèrent de dissiper ma frayeur, et redoublèrent mon amour. Avant que de compter les pièces d’or, elle me fit plusieurs questions ; entr’autres, elle me de-