fera de pitié. Mais permettez-moi de me laver les mains auparavant. » À ces mots, il se leva de table ; et après s’être lavé les mains six-vingt fois, il revint prendre sa place, et nous fit le récit de son histoire en ces termes :
« Vous saurez, Seigneurs, que sous le règne du calife Haroun Alraschild, mon père vivoit à Bagdad où je suis né, et passoit pour un des plus riches marchands de la ville. Mais comme c’étoit un homme attaché à ses plaisirs, qui aimoit la débauche et négligeoit le soin de ses affaires, au lieu de recueillir de grands biens à sa mort, j’eus besoin de toute l’économie imaginable pour acquitter les dettes qu’il avoit laissées. Je vins pourtant à bout de les payer toutes ; et par mes soins, ma petite fortune commença à prendre une face assez riante.
» Un matin que j’ouvrois ma boutique, une dame montée sur une mule, accompagnée d’un eunuque, et suivie de deux esclaves, passa près de ma porte et s’arrêta. Elle mit pied