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CONTES ARABES.

» Pendant ce temps-là, la dame voulant savoir quel mal j’avois à la main droite, leva ma robe qui la cachoit, et vit avec tout l’étonnement que vous pouvez penser, qu’elle étoit coupée, et que je l’avois apportée dans un linge. Elle comprit d’abord sans peine, pourquoi j’avois tant résisté aux pressantes instances qu’elle m’avoit faites, et elle passa la nuit à s’affliger de ma disgrâce, ne doutant pas qu’elle ne me fût arrivée pour l’amour d’elle.

» À mon réveil, je remarquai fort bien sur son visage, qu’elle étoit saisie d’une vive douleur. Néanmoins, pour ne me pas chagriner, elle ne me parla de rien. Elle me fit servir un consommé de volaille qu’on m’avoit préparé par son ordre, me fit manger et boire, pour me donner, disoit-elle, les forces dont j’avois besoin. Après cela, je voulus prendre congé d’elle ; mais me retenant par ma robe : « Je ne souffrirai pas, dit-elle, que vous sortiez d’ici. Quoique vous ne m’en disiez rien, je suis persuadée