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LES MILLE ET UNE NUITS,

CXXXIXe NUIT.

» Lorsque j’eus la tasse à la main, dit le jeune homme, je redoublai mes pleurs et poussai de nouveaux soupirs. « Qu’avez-vous donc à soupirer et à pleurer si amèrement, me dit alors la dame, et pourquoi prenez-vous la tasse de la main gauche plutôt que de la droite ? » « Ah, madame, lui répondis-je, excusez-moi, je vous en conjure : c’est que j’ai une tumeur à la main droite.» « Montrez-moi cette tumeur, repliqua-t-elle, je la veux percer. » Je m’en excusai, en disant qu’elle n’étoit pas encore en état de l’être, et je vidai toute la tasse qui étoit très-grande. Les vapeurs du vin, ma lassitude et l’abattement où j’étois, m’eurent bientôt assoupi, et je dormis d’un profond sommeil, qui dura jusqu’au lendemain.