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LES MILLE ET UNE NUITS,

pendant qu’il avoit eu la tête tournée, mit aussitôt la main dans son sac, et n’y trouvant pas sa bourse, me donna un si grand coup de sa hache d’armes, qu’il me renversa par terre. Tous ceux qui furent témoins de cette violence, en furent touchés, et quelques-uns mirent la main sur la bride du cheval pour arrêter le cavalier, et lui demander pour quel sujet il m’avoit frappé, s’il lui étoit permis de maltraiter ainsi un Musulman. « De quoi vous mêlez-vous, leur répondit-il d’un ton brusque ? Je ne l’ai pas fait sans raison : c’est un voleur. » À ces paroles, je me relevai ; et à mon air, chacun prenant mon parti, s’écria qu’il étoit un menteur, qu’il n’étoit pas croyable qu’un jeune homme tel que moi, eût commis la méchante action qu’il m’imputoit. Enfin ils soutenoient que j’étois innocent ; et tandis qu’ils retenoient son cheval pour favoriser mon évasion, par malheur pour moi, le lieutenant de police, suivi de ses gens, passa par-là ; voyant tant de monde assemblé