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CONTES ARABES.

que vous avez prise. » « Il n’étoit pas juste, reprit-elle, que j’abusasse de votre honnêteté. » En disant cela, elle me mit l’argent entre les mains, et s’assit près de moi.

Alors profitant de l’occasion que j’avois de l’entretenir, je lui parlai de l’amour que je sentois pour elle ; mais elle se leva et me quitta brusquement, comme si elle eût été fort offensée de la déclaration que je venois de lui faire. Je la suivis des yeux tant que je la pus voir ; et dès que je ne la vis plus, je pris congé du marchand, et je sortis du bezestein sans savoir où j’allois. Je rêvois à cette aventure, lorsque je sentis qu’on me tiroit par derrière. Je me tournai aussitôt pour voir ce que ce pouvoit être, et je reconnus avec plaisir l’esclave de la dame dont j’avois l’esprit occupé. « Ma maîtresse, me dit-elle, qui est cette jeune personne à qui vous venez de parler dans la boutique d’un marchand, voudroit bien vous dire un mot ; prenez, s’il vous plaît, la peine de me suivre. » Je la suivis ; et je trou-