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LES MILLE ET UNE NUITS,

offrit à mes yeux une beauté surprenante. J’en fus tellement frappé, que je ne pus lui rien dire pour lui exprimer ce que j’en pensois. Je ne me serois jamais lassé de la regarder ; mais elle se recouvrit promptement le visage, de peur qu’on ne l’aperçût ; et après avoir abaissé le crêpon, elle prit la pièce d’étoffe, et s’éloigna de la boutique, où elle me laissa dans un état bien différent de celui où j’étois en y arrivant. Je demeurai long-temps dans un trouble et dans un désordre étrange. Avant de quitter le marchand, je lui demandai s’il connoissoit la Dame ? « Oui, me répondit-il, elle est fille d’un émir qui lui a laissé en mourant des biens immenses. »

» Quand je fus de retour au khan de Mesrour, mes gens me servirent à souper ; mais il me fut impossible de manger. Je ne pus même fermer l’œil de toute la nuit, qui me parut la plus longue de ma vie. Dès qu’il fut jour, je me levai dans l’espérance de revoir l’objet qui troubloit mon