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CONTES ARABES.

cris ; et voyant que c’étoit un Chrétien qui maltraitoit un Musulman, (car le bossu étoit de notre religion) : « Quel sujet avez-vous, lui dit-il, de maltraiter ainsi un Musulman ? » « Il a voulu me voler, répondit le marchand, et il s’est jeté sur moi pour me prendre à la gorge. » « Vous vous êtes assez vengé, répliqua le garde en le tirant par le bras, ôtez-vous de là. » En même temps il tendit la main au bossu pour l’aider à se relever ; mais remarquant qu’il étoit mort : « Oh, oh, poursuivit-il, c’est donc ainsi qu’un Chrétien a la hardiesse d’assassiner un Musulman ! » En achevant ces mots, il arrêta le Chrétien, et le mena chez le lieutenant de police, où on le mit en prison jusqu’à ce que le juge fut levé et en état d’interroger l’accusé. Cependant le marchand chrétien revint de son ivresse, et plus il faisoit de réflexions sur son aventure, moins il pouvoit comprendre comment de simples coups de poing avoient été capables d’ôter la vie à un homme.