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LES MILLE ET UNE NUIS,

un marchand chrétien qui étoit fort riche et qui fournissoit au palais du sultan la plupart des choses dont on y avoit besoin, après avoir passé la nuit en débauche, s’avisa de sortir de chez lui pour aller au bain. Quoiqu’il fût ivre, il ne laissa pas de remarquer que la nuit étoit fort avancée, et qu’on alloit bientôt appeler à la prière de la pointe du jour ; c’est pourquoi, précipitant ses pas, il se hâtoit d’arriver au bain, de peur que quelque Musulman en allant à la mosquée, ne le rencontrât et ne le menât en prison comme un ivrogne. Néanmoins quand il fut au bout de la rue, il s’arrêta pour quelque besoin contre la boutique où le pourvoyeur du sultan avoit mis le corps du bossu, lequel venant à être ébranlé, tomba sur le dos du marchand, qui, dans la pensée que c’étoit un voleur qui l’attaquoit, le renversa par terre d’un coup de poing qu’il lui déchargea sur la tête ; il lui en donna beaucoup d’autres ensuite, et se mit à crier au voleur.

Le garde du quartier vint à ses