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CONTES ARABES.

l’attendoient à la porte, et le prioient de descendre pour voir un malade qu’ils avoient amené, et lui ayant remis entre les mains l’argent qu’elle avoit reçu, il se laissa transporter de joie : se voyant payé d’avance, il crut que c’étoit une bonne pratique qu’on lui amenoit, et qu’il ne falloit pas négliger. « Prends vîte de la lumière, dit-il à sa servante, et suis-moi. » En disant cela, il s’avança vers l’escalier avec tant de précipitation, qu’il n’attendit point qu’on l’éclairât ; et venant à rencontrer le bossu, il lui donna du pied dans les côtes si rudement, qu’il le fit rouler jusqu’au bas de l’escalier ; peu s’en fallut qu’il ne tombât et ne roulât avec lui. « Apporte donc vîte de la lumière, cria-t-il à sa servante. » Enfin elle arriva ; il descendit avec elle, et trouvant que ce qui avoit roulé, étoit un homme mort, il fut tellement effrayé de ce spectacle, qu’il invoqua Moïse, Aaron, Josué, Esdras, et tous les autres prophètes de sa loi. « Malheureux que je suis, disoit-il, pourquoi