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CONTES ARABES.

force, il faut avouer qu’on vous faisoit une horrible injustice. » « Oh, madame, répliqua-t-il, ce n’est pas tout encore : pour cette maudite tarte à la crême, où l’on me reprochoit de n’avoir pas mis de poivre, on avoit tout rompu et tout brisé dans ma boutique ; on m’avoit lié avec des cordes, et enfermé dans une caisse où j’étois si étroitement, qu’il me semble que je m’en sens encore ! Enfin, on avoit fait venir un charpentier, et on lui avoit commandé de dresser un poteau pour me pendre ! Mais Dieu soit béni de ce que tout cela n’est que l’ouvrage du sommeil. »

Scheherazade, en cet endroit, apercevant le jour, cessa de parler. Schahriar ne put s’empêcher de rire de ce que Bedreddin Hassan avoit pris une chose réelle pour un songe. « Il faut convenir, dit-il, que cela est très-plaisant, et je suis persuadé que le lendemain le visir Schemseddin Mohammed et sa belle-sœur s’en divertirent extrêmement. » « Sire, répondit la sultane, c’est ce que j’aurai