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CONTES ARABES.

deux chiennes de l’autre, et nous transporta chez moi à Bagdad, où je vis dans mon magasin toutes les richesses dont mon vaisseau avoit été chargé. Avant que de me quitter, elle me livra les deux chiennes, et me dit : « Sous peine d’être changée comme elles en chienne, je vous ordonne de la part de celui qui confond les mers, de donner toutes les nuits cent coups de fouet à chacune de vos sœurs, pour les punir du crime qu’elles ont commis contre votre personne et contre le jeune prince qu’elles ont noyé. » Je fus obligée de lui promettre que j’exécuterois son ordre.

Depuis ce temps-là, je les ai traitées chaque nuit à regret, de la même manière dont votre majesté a été témoin. Je leur témoigne par mes pleurs avec combien de douleurs et de répugnance, je m’acquitte d’un si cruel devoir ; et vous voyez bien qu’en cela je suis plus à plaindre qu’à blâmer. S’il y a quelque chose qui me regarde, dont vous puissiez souhai-