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LES MILLE ET UNE NUITS,

ils étoient tous d’une condition au-dessous de la sienne, ils avoient beaucoup de déférence pour lui ; et en cela, ils se régloient sur le maître d’école qui lui passoit bien des choses qu’il ne leur pardonnoit pas à eux. La complaisance aveugle qu’on avoit pour Agib, le perdit : il devint fier, insolent ; il vouloit que ses compagnons souffrissent tout de lui, sans vouloir rien souffrir d’eux. Il dominoit partout ; et si quelqu’un avoit la hardiesse de s’opposer à ses volontés, il lui disoit mille injures, et alloit souvent jusqu’aux coups. Enfin, il se rendit insupportable à tous les écoliers, qui se plaignirent de lui au maître d’école. Il les exhorta d’abord à prendre patience ; mais quand il vit qu’ils ne faisoient qu’irriter par-là l’insolence d’Agib, et fatigué lui-même des peines qu’il lui faisoit : « Mes enfans, dit-il à ses écoliers, je vois bien qu’Agib est un petit insolent ; je veux vous enseigner un moyen de le mortifier de manière qu’il ne vous tourmentera plus ; je