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CONTES ARABES.

» Pendant que cela se passoit à Damas, la fille de Schemseddin Mohammed se réveilla ; et ne trouvant pas Bedreddin auprès d’elle, crut qu’il s’étoit levé sans vouloir interrompre son repos, et qu’il reviendroit bientôt. Elle attendoit son retour, lorsque le visir Schemseddin Mohammed, son père, vivement touché de l’affront qu’il croyoit avoir reçu du sultan d’Égypte, vint frapper à la porte de son appartement, résolu de pleurer avec elle sa triste destinée. Il l’appela par son nom ; et elle n’eut pas plutôt entendu sa voix, qu’elle se leva pour lui aller ouvrir la porte. Elle lui baisa la main, et le reçut d’un air si satisfait, que le visir, qui s’attendoit à la trouver baignée de pleurs et aussi affligée que lui, en fut extrêmement surpris. « Malheureuse, lui dit-il en colère, est-ce ainsi que tu parois devant moi ? Après l’affreux sacrifice que tu viens de consommer, peux-tu m’offrir un visage si content ?…

Scheherazade cessa de parler en