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CONTES ARABES.

réveilla le jeune homme. Sa surprise ne fut pas moins grande que la leur de se voir à la porte d’une ville où il n’étoit jamais venu, et environné d’une foule de gens qui le considéroient avec attention. « Messieurs, leur dit-il, apprenez-moi de grâce où je suis, et ce que vous souhaitez de moi ? » L’un d’eux prit la parole, et lui répondit : « Jeune homme, on vient d’ouvrir la porte de cette ville ; et en sortant, nous vous avons trouvé couché ici dans l’état où vous voilà. Nous nous sommes arrêtés à vous regarder. Est-ce que vous avez passé ici la nuit ? Et savez-vous bien que vous êtes à une des portes de Damas ? » « À une des portes de Damas, répliqua Bedreddin ! Vous vous moquez de moi : en me couchant cette nuit, j’étois au Caire. » À ces mots, quelques-uns touchés de compassion, dirent que c’étoit dommage qu’un jeune homme si bien fait eût perdu l’esprit, et ils passèrent leur chemin.

« Mon fils, lui dit un bon vieillard, vous n’y pensez pas : puisque vous êtes