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CONTES ARABES.

d’une voix qui redoubla sa peur : Vilain bossu. À ces mots, l’effrayé palefrenier se laissa tomber sur le pavé, et se couvrant la tête de sa robe pour ne pas voir cette bête effroyable, il lui répondit en tremblant : « Prince souverain des buffles, que demandez-vous de moi ? » « Malheur à toi, lui repartit le génie : tu as la témérité d’oser te marier avec ma maîtresse ! » « Eh, Seigneur, dit le bossu, je vous supplie de me pardonner : si je suis criminel, ce n’est que par ignorance ; je ne savois pas que cette dame eût un buffle pour amant. Commandez-moi ce qui vous plaira, je vous jure que je suis prêt à vous obéir. » « Par la mort, répliqua le génie, si tu sors d’ici, ou que tu ne gardes pas le silence jusqu’à ce que le soleil se lève ; si tu dis le moindre mot, je t’écraserai la tête. Alors, je te permets de sortir de cette maison ; mais je t’ordonne de te retirer bien vîte sans regarder derrière toi ; et si tu as l’audace d’y revenir, il t’en coûtera la vie. » En achevant ces