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CONTES ARABES.

pas bien me l’accorder ? » Le visir, qui ne s’attendoit pas à cette proposition, en fut un peu troublé ; mais il n’en fut pas ébloui ; et au lieu de l’accepter avec joie, ce que d’autres à sa place n’auroient pas manqué de faire, il répondit au sultan : « Sire, je ne suis pas digne de l’honneur que votre majesté me veut faire, et je la supplie très-humblement de ne pas trouver mauvais que je m’oppose à son dessein. Vous savez que j’avois un frère nommé Noureddin Ali, qui avoit comme moi l’honneur d’être un de vos visirs. Nous eûmes ensemble une querelle qui fut cause qu’il disparut tout-à-coup, et je n’ai point eu de ses nouvelles depuis ce temps-là, si ce n’est que j’ai appris, il y a quatre jours, qu’il est mort à Balsora dans la dignité de grand visir du sultan de ce royaume. Il a laissé un fils ; et comme nous nous engageâmes autrefois tous deux à marier nos enfans ensemble, supposé que nous en eussions, je suis persuadé qu’il est mort