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LES MILLE ET UNE NUITS,

et après lui avoir baisé le bas de la robe : « Sauvez-vous, Seigneur, lui dit-il, sauvez-vous promptement. » « Qu’y a-t-il, lui demanda Bedreddin, en levant la tête ? Quelle nouvelle m’apportes-tu ? » « Seigneur, répondit-il, il n’y a pas de temps à perdre. Le sultan est dans une horrible colère contre vous, et on vient de sa part confisquer tout ce que vous avez, et même se saisir de votre personne. »

» Le discours de cet esclave fidèle et affectionné mit l’esprit de Bedreddin Hassan dans une grande perplexité. « Mais ne puis-je, dit-il, avoir le temps de rentrer et de prendre au moins quelqu’argent et des pierreries ? » « Seigneur, répliqua l’esclave, le grand visir sera dans un moment ici. Partez tout-à-l’heure, sauvez-vous. » Bedreddin Hassan se leva vîte du sofa où il étoit, mit les pieds dans ses babouches ; et après s’être couvert la tête d’un bout de sa robe pour se cacher le visage, s’enfuit sans savoir de quel côté il devoit