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LES MILLE ET UNE NUITS,

menciez dès-à-présent à vous mettre dans les mêmes dispositions que moi : préparez-vous à faire ce passage sans regret, et sans que votre conscience puisse rien vous reprocher sur les devoirs d’un musulman, ni sur ceux d’un parfait honnête homme. Pour votre religion, vous en êtes suffisamment instruit, et par ce que vous en ont appris vos maîtres, et par vos lectures. À l’égard de l’honnête homme, je vais vous donner quelques instructions que vous tâcherez de mettre à profit. Comme il est nécessaire de se connoître soi-même, et que vous ne pouvez bien avoir cette connoissance que vous ne sachiez qui je suis, je vais vous l’apprendre :

» J’ai pris naissance en Égypte, poursuivit-il ; mon père, votre aïeul, étoit premier ministre du sultan de ce royaume. J’ai moi-même eu l’honneur d’être un des visirs de ce même sultan avec mon frère, votre oncle, qui, je crois, vit encore, et qui se nomme Schemseddin Mohammed. Je fus obligé de me séparer de lui,