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CONTES ARABES.

favorablement. Les premiers qui le virent dans les rues, furent si charmés de sa beauté, qu’ils en firent des exclamations de surprise, et qu’ils lui donnèrent mille bénédictions.

» Comme son père se proposoit de le rendre capable de remplir un jour sa place, il n’épargna rien pour cela, et il le fit entrer dans les affaires les plus difficiles, afin de l’y accoutumer de bonne heure. Enfin, il ne négligeoit aucune chose pour l’avancement d’un fils qui lui étoit si cher ; et il commençoit à jouir déjà du fruit de ses peines, lorsqu’il fut attaqué tout-à-coup d’une maladie dont la violence fut telle, qu’il sentit fort bien qu’il n’étoit pas éloigné du dernier de ses jours. Aussi ne se flatta-t-il pas, et il se disposa d’abord à mourir en vrai musulman. Dans ce moment précieux, il n’oublia pas son cher fils Bedreddin ; il le fit appeler, et lui dit : « Mon fils, vous voyez que le monde est périssable ; il n’y a que celui où je vais bientôt passer, qui soit véritablement durable. Il faut que vous com-