Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.
239
CONTES ARABES.

dont il connoissoit l’humeur, il s’éloigna de sa présence, et se retira chez lui les larmes aux yeux, persuadé qu’il n’avoit plus que trois jours à vivre. Il étoit tellement convaincu qu’il ne trouveroit point l’esclave, qu’il n’en fit pas la moindre recherche. « Il n’est pas possible, disoit-il, que dans une ville telle que Bagdad, où il y a une infinité d’esclaves noirs, je démêle celui dont il s’agit. À moins que Dieu ne me le fasse connoître, comme il m’a déjà fait découvrir l’assassin, rien ne peut me sauver. »

Il passa les deux premiers jours à s’affliger avec sa famille, qui gémissoit autour de lui, en se plaignant de la rigueur du calife. Le troisième étant venu, il se disposa à mourir avec fermeté, comme un ministre intègre, et qui n’avoit rien à se reprocher. Il fit venir des cadis et des témoins qui signèrent le testament qu’il fit en leur présence. Après cela, il embrassa sa femme et ses enfans, et leur dit le dernier adieu. Toute sa famille fondoit en larmes. Jamais