Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.
235
CONTES ARABES.

nier avec un fil de laine rouge, je l’enfermai dans un coffre que je chargeai sur mes épaules dès qu’il fut nuit, et que j’allai jeter dans le Tigre.

» Les deux plus petits de mes enfans étoient déjà couchés et endormis, et le troisième étoit hors de la maison ; je le trouvai à mon retour assis près de la porte, et pleurant à chaudes larmes. Je lui demandai le sujet de ses pleurs. « Mon père, me dit-il, j’ai pris ce matin à ma mère, sans qu’elle en ait rien vu, une des trois pommes que vous lui avez apportées. Je l’ai gardée long-temps ; mais comme je jouois tantôt dans la rue avec mes petits frères, un grand esclave qui passoit, me l’a arrachée de la main, et l’a emportée ; j’ai couru après lui en la lui redemandant ; mais j’ai eu beau lui dire qu’elle appartenoit à ma mère qui étoit malade, que vous aviez fait un voyage de quinze jours pour l’aller chercher, tout cela a été inutile. Il n’a pas voulu me la rendre ; et comme je le suivois en criant après lui, il s’est re-