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CONTES ARABES.

d’elle. Cependant elle étoit toujours malade, et je ne savois quel remède apporter à son mal.

Peu de jours après mon voyage, étant assis dans ma boutique au lieu public où l’on vend toutes sortes d’étoffes fines, je vis entrer un grand esclave noir, de fort méchante mine, qui tenoit à la main une pomme que je reconnus pour une de celles que j’avois apportées de Balsora. Je n’en pouvois douter, puisque je savois qu’il n’y en avoit pas une dans Bagdad ni dans tous les jardins aux environs. J’appelai l’esclave : « Bon esclave, lui dis-je, apprends-moi, je te prie, où tu as pris cette pomme ? » « C’est, me répondit-il en souriant, un présent que m’a fait mon amoureuse. J’ai été la voir aujourd’hui, et je l’ai trouvée un peu malade. J’ai vu trois pommes auprès d’elle, et je lui ai demandé d’où elle les avoit eues ; elle m’a répondu que son bon-homme de mari avoit fait un voyage de quinze jours exprès pour les lui aller chercher, et qu’il les lui avoit appor-