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LES MILLE ET UNE NUITS,

vit point de pommes, elle en eut un chagrin qui ne lui permit pas de dormir la nuit. Je me levai de grand matin, et allai dans tous les jardins ; mais je ne réussis pas mieux que le jour précédent. Je rencontrai seulement un vieux jardinier qui me dit, que quelque peine que je me donnasse, je n’en trouverois point ailleurs qu’au jardin de votre majesté à Balsora.

» Comme j’aimais passionnément ma femme, et que je ne voulois pas avoir à me reprocher d’avoir négligé de la satisfaire, je pris un habit de voyageur ; et après l’avoir instruite de mon dessein, je partis pour Balsora. Je fis une si grande diligence, que je fus de retour au bout de quinze jours. Je rapportai trois pommes qui m’avoient coûté un sequin la pièce. Il n’y en avoit pas davantage dans le jardin, et le jardinier n’avoit pas voulu me les donner à meilleur marché. En arrivant, je les présentai à ma femme ; mais il se trouva que l’envie lui en étoit passée. Ainsi elle se contenta de les recevoir, et les posa à côté