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CONTES ARABES.

Pendant que l’on travailloit à dresser les potences, et qu’on se saisissoit des quarante Barmecides dans leurs maisons, un crieur public alla par ordre du calife faire ce cri dans tous les quartiers de la ville :

« Qui veut avoir la satisfaction de voir pendre le grand visir Giafar, et quarante des Barmecides ses parens, qu’il vienne à la place qui est devant le palais. »

    il fut choisi par le calife Mahadi pour gouverneur d’Haroun-Alraschild, son fils ; il eut quatre enfans nommés Fadhel, Giafar, (c’est celui dont il est ici question) Mohammed et Mussa qui ne dégénérant point de la vertu de leur père, portèrent la réputation des Barmecides jusqu’au plus haut degré où le mérite et la faveur peuvent élever une famille qui n’est pas sur le trône. Les Barmecides ont cela de particulier que la fortune les ayant abandonnés et les ayant fait tomber dans la disgrâce du calife Haroun-Alraschild, la mémoire que les peuples conservèrent du mérite et des qualités de ces grands hommes survécut à leur malheur, de sorte qu’ils ont trouvé presqu’autant d’historiens qui ont écrit leurs vies, que les plus grands princes de l’Orient.