Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vois déjà vus. J’allai jusqu’aux offices et aux garde-meubles qui étoient remplis de richesses infinies, et je m’occupai si fort de toutes ces merveilles, que je m’oubliai moi-même. Je ne pensois plus ni à mon vaisseau ni à mes sœurs, je ne songeois qu’à satisfaire ma curiosité. Cependant la nuit s’approchoit, et son approche m’avertissant qu’il étoit temps de me retirer, je voulus reprendre le chemin des cours par où j’étois venue ; mais il ne me fut pas aisé de le retrouver. Je m’égarai dans les appartemens ; et me trouvant dans la grande chambre où étoit le trône, le lit, le gros diamant et les flambeaux allumés, je résolus d’y passer la nuit, et de remettre au lendemain de grand matin à regagner mon vaisseau. Je me jetai sur le lit, non sans quelque frayeur de me voir seule dans un lieu si désert, et ce fut sans doute cette crainte qui m’empêcha de dormir.

» Il étoit environ minuit, lorsque j’entendis la voix comme d’un homme qui lisoit l’Alcoran de la même