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CONTES ARABES.

au palais à l’heure marquée, le calife, lui et Mesrour, chef des eunuques, se déguisèrent pour n’être pas connus, et sortirent tous trois ensemble.

Ils passèrent par plusieurs places et par plusieurs marchés ; et en entrant dans une petite rue, ils virent au clair de la lune un bon-homme à barbe blanche, qui avoit la taille haute, et qui portoit des filets sur sa tête. Il avoit au bras un panier pliant de feuilles de palmier, et un bâton à la main. « À voir ce vieillard, dit le calife, il n’est pas riche : abordons-le, et lui demandons l’état de sa fortune. » « Bon-homme, lui dit le visir, qui es-tu ? » « Seigneur, lui répondit le vieillard, je suis pêcheur, mais le plus pauvre et le plus misérable de ma profession. Je suis sorti de chez moi tantôt sur le midi pour aller pêcher, et depuis ce temps-là jusqu’à présent, je n’ai pas pris le moindre poisson. Cependant j’ai une femme et de petits enfans, et je n’ai pas de quoi les nourrir. »