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CONTES ARABES.

à terre, il se retira avec tous ceux qui l’accompagnoient. Concevez, s’il est possible, l’état où j’étois : je croyois plutôt dormir que veiller. Enfin, après avoir été quelque temps étendu sur la place, ne voyant plus d’éléphant, je me levai, et je remarquai que j’étois sur une colline assez longue et assez large, toute couverte d’ossemens et de dents d’éléphans. Je vous avoue que cet objet me fit faire une infinité de réflexions. J’admirai l’instinct de ces animaux. Je ne doutai point que ce ne fût là leur cimetière, et qu’ils ne m’y eussent apporté exprès pour me l’enseigner, afin que je cessasse de les persécuter, puisque je le faisois dans la vue seule d’avoir leurs dents. Je ne m’arrêtai pas sur la colline, je tournai mes pas vers la ville ; et après avoir marché un jour et une nuit, j’arrivai chez mon patron. Je ne rencontrai aucun éléphant sur ma route ; ce qui me fit connoître qu’ils s’étoient éloignés plus avant dans la forêt, pour me laisser la liberté d’aller sans obstacle à la colline.