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LES MILLE ET UNE NUITS,

de passer devant moi en traversant la forêt comme à l’ordinaire, ils s’arrêtèrent, et vinrent à moi avec un horrible bruit et en si grand nombre, que la terre en étoit couverte et trembloit sous leurs pas. Ils s’approchèrent de l’arbre où j’étois monté, et l’environnèrent tous, la trompe étendue et les jeux attachés sur moi. À ce spectacle étonnant, je restai immobile, et saisi d’une telle frayeur, que mon arc et mes flèches me tombèrent des mains.

» Je n’étois pas agité d’une crainte vaine. Après que les éléphans m’eurent regardé quelque temps, un des plus gros embrassa l’arbre par le bas avec sa trompe, et fit un si puissant effort, qu’il le déracina et le renversa par terre. Je tombai avec l’arbre ; mais l’animal me prit avec sa trompe, et me chargea sur son dos, où je m’assis plus mort que vif avec le carquois attaché à mes épaules. Il se mit ensuite à la tête de tous les autres qui le suivoient en troupe, et me porta jusqu’à un endroit où m’ayant posé