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CONTES ARABES.

le palais du prince qui régnoit en ce pays-là. Mais fort étonnée de n’avoir rencontré aucun être vivant, j’allai jusque-là, dans l’espérance d’en trouver quelqu’un. Je levai la portière ; et, ce qui augmenta ma surprise, je ne vis sous le vestibule que quelques portiers ou gardes pétrifiés, les uns debout, et les autres assis, ou à demi couchés.

» Je traversai une grande cour, où il y avoit beaucoup de monde : les uns sembloient aller, et les autres venir, et néanmoins ils ne bougeoient de leur place, parce qu’ils étoient pétrifiés comme ceux que j’avois déjà vus. Je passai dans une seconde cour, et de celle-là dans une troisième ; mais ce n’étoit partout qu’une solitude, et il y régnoit un silence affreux.

» M’étant avancée dans une quatrième cour, je vis en face un très-beau bâtiment dont les fenêtres étoient fermées d’un treillis d’or massif. Je jugeai que c’étoit l’appartement de la reine. J’y entrai. Il y avoit dans une grande salle plusieurs eunuques noirs