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CONTES ARABES.

» Je n’hésitai pas à travailler au radeau après ce raisonnement ; je le fis de bonnes pièces de bois et de gros câbles, car j’en avois à choisir ; je les liai ensemble si fortement, que j’en fis un petit bâtiment assez solide. Quand il fut achevé, je le chargeai de quelques ballots de rubis, d’émeraudes, d’ambre gris, de cristal de roche, et d’étoffes précieuses. Ayant mis toutes ces choses en équilibre, et les ayant bien attachées, je m’embarquai sur le radeau avec deux petites rames que je n’avois pas oublié de faire ; et me laissant aller au cours de la rivière, je m’abandonnai à la volonté de Dieu.

» Sitôt que je fus sous la voûte, je ne vis plus de lumière, et le fil de l’eau m’entraîna sans que je pusse remarquer où il m’emportoit. Je voguai quelques jours dans cette obscurité, sans jamais apercevoir le moindre rayon de lumière. Je trouvai une fois la voûte si basse, qu’elle pensa me blesser la tête ; ce qui me rendit fort attentif à éviter un pareil danger. Pendant ce temps-là, je ne mangeois