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CONTES ARABES.

en moi, et que je le portois plus légèrement que de coutume, me fit signe de lui en donner à boire : je lui présentai la calebasse, il la prit ; et comme la liqueur lui parut agréable, il l’avala jusqu’à la dernière goutte. Il y en avoit assez pour l’enivrer ; aussi s’enivra-t-il, et bientôt la fumée du vin lui montant à la tête, il commença à chanter à sa manière, et à se trémousser sur mes épaules. Les secousses qu’il se donnoit, lui firent rendre ce qu’il avoit dans l’estomac ; et ses jambes se relâchèrent peu à peu ; de sorte que voyant qu’il ne me serroit plus, je le jetai par terre où il demeura sans mouvement. Alors je pris une très-grosse pierre, et lui en écrasai la tête.

» Je sentis une grande joie de m’être délivré pour jamais de ce maudit vieillard, et je marchai vers le bord de la mer, où je rencontrai des gens d’un navire qui venoit de mouiller là pour faire de l’eau, et prendre en passant quelques rafraîchissemens. Ils furent extrêmement