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LES MILLE ET UNE NUITS,

suite il me faisoit lever et marcher en me pressant de ses pieds. Représentez-vous, seigneurs, la peine que j’avois de me voir chargé de ce fardeau, sans pouvoir m’en défaire.

» Un jour que je trouvai en mon chemin plusieurs calebasses sèches qui étoient tombées d’un arbre qui en portoit, j’en pris une assez grosse ; et après l’avoir bien nettoyée, j’exprimai dedans le jus de plusieurs grappes de raisins, fruit que l’isle produisoit en abondance, et que nous rencontrions à chaque pas. Lorsque j’en eus rempli la calebasse, je la posai dans un endroit où j’eus l’adresse de me faire conduire par le vieillard plusieurs jours après. Là, je pris la calebasse, et la portant à ma bouche, je bus d’un excellent vin qui me fit oublier pour quelque temps le chagrin mortel dont j’étois accablé. Cela me donna de la vigueur. J’en fus même si réjoui, que je me mis à chanter et à sauter en marchant.

» Le vieillard, qui s’aperçut de l’effet que cette boisson avoit produit