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CONTES ARABES.

qui s’entr’ouvrit d’une manière que nous en vîmes presque le fond. L’autre oiseau, pour notre malheur, laissa tomber sa roche si justement au milieu du vaisseau, qu’elle le rompit et le brisa en mille pièces. Les matelots et les passagers furent tous écrasés du coup, ou submergés. Je fus submergé moi-même ; mais en revenant au-dessus de l’eau, j’eus le bonheur de me prendre à une pièce du débris. Ainsi, en m’aidant tantôt d’une main, tantôt de l’autre, sans me dessaisir de ce que je tenois, avec le vent et le courant qui m’étoient favorables, j’arrivai enfin à une isle dont le rivage étoit fort escarpé. Je surmontai néanmoins cette difficulté, et me sauvai.

» Je m’assis sur l’herbe, pour me remettre un peu de ma fatigue ; après quoi je me levai et m’avançai dans l’isle pour reconnoître le terrain. Il me sembla que j’étois dans un jardin délicieux, je voyois par-tout des arbres chargés de fruits, les uns verds, les autres mûrs, et des ruisseaux