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CONTES ARABES.

ouï parler d’une loi si cruelle. » « Que veux-tu, Sindbad, me répondit le roi ; c’est une loi commune, et j’y suis soumis moi-même : je serai enterré vivant avec la reine mon épouse, si elle meurt la première. » « Mais, Sire, lui dis-je, oserois-je demander à votre majesté si les étrangers sont obligés d’observer cette coutume ? » « Sans doute, repartit le roi en souriant du motif de ma question ; ils n’en sont pas exceptés lorsqu’ils sont mariés dans cette isle. »

» Je m’en retournai tristement au logis avec cette réponse. La crainte que ma femme ne mourût la première, et qu’on ne m’enterrât tout vivant avec elle, me faisoit faire des réflexions très-mortifiantes. Cependant, quel remède apporter à ce mal ? Il fallut prendre patience, et m’en remettre à la volonté de Dieu. Néanmoins je tremblois à la moindre indisposition que je voyois à ma femme ; mais hélas, j’eus bientôt la frayeur toute entière ! Elle tomba véritablement malade, et mourut en peu de jours…