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LES MILLE ET UNE NUITS,

une union parfaite. Néanmoins je n’étois pas trop content de mon état. Mon dessein étoit de m’échapper à la première occasion, et de retourner à Bagdad, dont mon établissement, tout avantageux qu’il étoit, ne pouvoit me faire perdre le souvenir.

» J’étois dans ces sentimens, lorsque la femme d’un de mes voisins, avec lequel j’avois contracté une amitié fort étroite, tomba malade et mourut. J’allai chez lui pour le consoler ; et le trouvant plongé dans la plus vive affliction : « Dieu vous conserve, lui dis-je en l’abordant, et vous donne une longue vie. » « Hélas, me répondit-il, comment voulez-vous que j’obtienne la grâce que vous me souhaitez ? Je n’ai plus qu’une heure à vivre. » « Oh, repris-je, ne vous mettez pas dans l’esprit une pensée si funeste ; j’espère que cela n’arrivera pas, et que j’aurai le plaisir de vous posséder encore long-temps. » « Je souhaite, répliqua-t-il, que votre vie soit de longue durée ; pour ce qui est de moi, mes affaires sont fai-