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LES MILLE ET UNE NUITS,

monde, le roi même, montoit à cheval sans bride et sans étriers. Cela me fit prendre la liberté de lui demander un jour pourquoi sa majesté ne se servoit pas de ces commodités. Il me répondit, que je lui parlois de choses dont on ignoroit l’usage dans ses états.

» J’allai aussitôt chez un ouvrier, et je lui fis dresser le bois d’une selle sur le modèle que je lui donnai. Le bois de la selle achevé, je le garnis moi-même de bourre et de cuir, et l’ornai d’une broderie d’or. Je m’adressai ensuite à un serrurier, qui me fit un mors de la forme que je lui montrai, et je lui fis faire aussi des étriers.

» Quand ces choses furent dans un état parfait, j’allai les présenter au roi, je les essayai sur un de ses chevaux. Ce prince monta dessus, et fut si satisfait de cette invention, qu’il m’en témoigna sa joie par de grandes largesses. Je ne pus me défendre de faire plusieurs selles pour ses ministres et pour les principaux officiers de sa maison, qui me firent tous des