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LES MILLE ET UNE NUITS,

liberté, et l’on ne prenoit presque pas garde à mes actions. Cela me donna lieu de m’éloigner un jour des habitations des noirs, et de me sauver. Un vieillard qui m’aperçut, et qui se douta de mon dessein, me cria de toute sa force de revenir ; mais au lieu de lui obéir, je redoublai mes pas, et je fus bientôt hors de sa vue. Il n’y avoit alors que ce vieillard dans les habitations ; tous les autres noirs s’étoient absentés, et ne devoient revenir que sur la fin du jour, ce qu’ils avoient coutume de faire assez souvent. C’est pourquoi, étant assuré qu’ils ne seroient plus à temps de courir après moi lorsqu’ils apprendroient ma fuite, je marchai jusqu’à la nuit. Alors je m’arrêtai pour prendre un peu de repos, et manger de quelques vivres dont j’avois fait provision. Mais je repris bientôt mon chemin, et continuai de marcher pendant sept jours, en évitant les endroits qui me paroissoient habités. Je vivois de cocos[1],

  1. Fruit du cocotier. Ce fruit est gros