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LES MILLE ET UNE NUITS,

grand nombre ; ils nous environnèrent, se saisirent de nos personnes, en firent une espèce de partage, et nous conduisirent ensuite dans leurs maisons.

» Nous fûmes menés, cinq de mes camarades et moi, dans un même lieu. D’abord on nous fit asseoir, et l’on nous servit d’une certaine herbe, en nous invitant par signes à en manger. Mes camarades, sans faire réflexion que ceux qui la servoient n’en mangeoient pas, ne consultèrent que leur faim qui pressoit, et se jetèrent dessus ces mets avec avidité. Pour moi, par un pressentiment de quelque supercherie, je ne voulus pas seulement en goûter, et je m’en trouvai bien ; car peu de temps après, je m’aperçus que l’esprit avoit tourné à mes compagnons, et qu’en me parlant, ils ne savoient ce qu’ils disoient.

» On me servit ensuite du riz préparé avec de l’huile de coco, et mes camarades, qui n’avoient plus de raison, en mangèrent extraordinairement. J’en mangeai aussi, mais fort