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CONTES ARABES.

émotion ; et envisageant le capitaine, je le reconnus pour celui qui, dans mon second voyage, m’avoit abandonné dans l’isle où je m’étois endormi au bord d’un ruisseau, et qui avoit remis à la voile sans m’attendre ou me faire chercher. Je ne me l’étois pas remis d’abord, à cause du changement qui s’étoit fait en sa personne depuis le temps que je ne l’avois vu.

» Pour lui, qui me croyoit mort, il ne faut pas s’étonner s’il ne me reconnut pas. « Capitaine, lui dis-je, est-ce que le marchand à qui étoient ces ballots, s’appeloit Sindbad ? » « Oui, me répondit-il, il se nommoit de la sorte, il étoit de Bagdad, et s’étoit embarqué sur mon vaisseau à Balsora. Un jour que nous descendîmes dans une isle pour faire de l’eau et prendre quelques rafraîchissemens, je ne sais par quelle méprise je remis à la voile sans prendre garde qu’il ne s’étoit pas embarqué avec les autres. Nous ne nous en aperçûmes, les marchands et moi, que quatre heures après. Nous avions le vent en