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LES MILLE ET UNE NUITS,

attendre un autre sort que celui de mes deux compagnons ; et cette pensée me faisant frémir d’horreur, je fis quelques pas pour m’aller jeter dans la mer ; mais comme il est doux de vivre le plus long-temps qu’on peut, je résistai à ce mouvement de désespoir, et me soumis à la volonté de Dieu, qui dispose à son gré de notre vie.

» Je ne laissai pas toutefois d’amasser une grande quantité de menu bois, de ronces et d’épines sèches. J’en fis plusieurs fagots que je liai ensemble, après en avoir fait un grand cercle autour de l’arbre, et j’en liai quelques-uns en travers par-dessus pour me couvrir la tête. Cela étant fait, je m’enfermai dans ce cercle à l’entrée de la nuit, avec la triste consolation de n’avoir rien négligé pour me garantir du cruel sort qui me menaçoit. Le serpent ne manqua pas de revenir et de tourner autour de l’arbre, cherchant à me dévorer ; mais il n’y put réussir, à cause du rempart que je m’étois fabriqué,