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CONTES ARABES.

fit juger que le serpent rendoit les os du malheureux qu’il avoit surpris. En effet, nous les vîmes le lendemain avec horreur. « Ô Dieu, m’écriai-je alors, à quoi sommes-nous exposés ! Nous nous réjouissions hier d’avoir dérobé nos vies à la cruauté d’un géant et à la fureur des eaux, et nous voilà tombés dans un péril qui n’est pas moins terrible. »

» Nous remarquâmes, en nous promenant, un gros arbre fort haut, sur lequel nous projetâmes de passer la nuit suivante pour nous mettre en sûreté. Nous mangeâmes encore des fruits comme le jour précédent ; et à la fin du jour, nous montâmes sur l’arbre. Nous entendîmes bientôt le serpent, qui vint en sifflant jusqu’au pied de l’arbre où nous étions. Il s’éleva contre le tronc, et rencontrant mon camarade qui étoit plus bas que moi, il l’engloutit tout d’un coup, et se retira.

» Je demeurai sur l’arbre jusqu’au jour, et alors j’en descendis plus mort que vif. Effectivement je ne pouvois