Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
LES MILLE ET UNE NUITS,

flots qui nous jetoient tantôt d’un côté et tantôt d’un autre, et nous passâmes ce jour-là et la nuit suivante dans une cruelle incertitude de notre destinée ; mais le lendemain, nous eûmes le bonheur d’être poussés contre une isle où nous nous sauvâmes avec bien de la joie. Nous y trouvâmes d’excellens fruits qui nous furent d’un grand secours pour réparer les forces que nous avions perdues.

» Sur le soir, nous nous endormîmes sur le bord de la mer ; mais nous fûmes réveillés par le bruit qu’un serpent, long comme un palmier, faisoit de ses écailles en rampant sur la terre. Il se trouva si près de nous, qu’il engloutit un de mes deux camarades, malgré les cris et les efforts qu’il put faire pour se débarrasser du serpent, qui, le secouant à plusieurs reprises, l’écrasa contre terre, et acheva de l’avaler. Nous prîmes aussitôt la fuite, mon autre camarade et moi ; et quoique nous fussions assez éloignés, nous entendîmes quelque temps après un bruit qui nous