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CONTES ARABES.

« Je ne fus pas plutôt en cette situation, que les aigles vinrent chacun se saisir d’une pièce de viande qu’ils emportèrent ; et un des plus puissans m’ayant enlevé de même avec le morceau de viande dont j’étois enveloppé, me porta au haut de la montagne jusque dans son nid. Les marchands ne manquèrent point alors de crier pour épouvanter les aigles ; et lorsqu’ils les eurent obligés à quitter leur proie, un d’entr’eux s’approcha de moi ; mais il fut saisi de crainte quand il m’aperçut. Il se rassura pourtant ; et au lieu de s’informer par quelle aventure je me trouvois là, il commença à me quereller, en me demandant pourquoi je lui ravissois son bien. « Vous me parlerez, lui dis-je, avec plus d’humanité, lorsque vous m’aurez mieux connu. Consolez-vous, ajoutai-je, j’ai des diamans pour vous et pour moi plus que n’en peuvent avoir tous les autres marchands ensemble. S’ils en ont, ce n’est que par hasard ; mais j’ai choisi moi-même au fond de la vallée ceux