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CONTES ARABES.

guéri, et révoquera, sans doute, l’arrêt de mort : au lieu que si vous en usez autrement, c’est fait de vous. »

» Ce discours produisit l’effet qu’en avoit attendu l’âne. Le bœuf en fut étrangement troublé et en beugla d’effroi. Le marchand, qui les avoit écoutés tous deux avec beaucoup d’attention, fit alors un si grand éclat de rire, que sa femme en fut très-surprise. « Apprenez-moi, lui dit-elle, pourquoi vous riez si fort, afin que j’en rie avec vous. » « Ma femme, lui répondit le marchand, contentez-vous de m’entendre rire. » « Non, reprit-elle, j’en veux savoir le sujet. » « Je ne puis vous donner cette satisfaction, repartit le mari ; sachez seulement que je ris de ce que notre âne vient de dire à notre bœuf ; le reste est un secret qu’il ne m’est pas permis de vous révéler. » « Et qui vous empêche de me découvrir ce secret, répliqua-t-elle ? » « Si je vous le disois, répondit-il, apprenez qu’il m’en coûteroit la vie. » « Vous vous moquez de moi, s’écria la femme ; ce