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LES MILLE ET UNE NUITS,

même avec quelque plaisir un concert agréable de voix et d’instrumens dont on accompagna le repas.

Les jours suivans il fut de très-bonne humeur ; et lorsqu’il sut que le sultan étoit de retour, il alla au-devant de lui, et lui fît son compliment d’un air enjoué. Schahriar d’abord ne prit pas garde à ce changement ; il ne songea qu’à se plaindre obligeamment de ce que ce prince avoit refusé de l’accompagner à la chasse ; et sans lui donner le temps de répondre à ses reproches, il lui parla du grand nombre de cerfs et d’autres animaux qu’il avoit pris, et enfin du plaisir qu’il avoit eu. Schahzenan, après l’avoir écouté avec attention, prit la parole à son tour. Comme il n’avoit plus de chagrin qui l’empêchât de faire paroître combien il avoit d’esprit, il dit mille choses agréables et plaisantes.

Le sultan, qui s’étoit attendu à le retrouver dans le même état où il l’avoit laissé, fut ravi de le voir si gai. « Mon frère, lui dit-il, je rends grâces